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| Posté le 06-07-2005 à 03:27:44
| Le Coq et le Renard Sur la branche d'un arbre était en sentinelle Un vieux Coq adroit et matois Frère, dit un Renard, adoucissant sa voix Nous ne sommes plus en querelle. Paix générale cette fois Je viens te l'annoncer, descends, que je t'embrasse Ne me retarde point, de grâce Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer Les tiens et toi pouvez vaquer. Sans nulle crainte à vos affaires Nous vous y servirons en frères Faites-en les feux dès ce soir Et cependant viens recevoir Le baiser d'amour fraternelle. Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais Apprendre une plus douce et meilleur nouvelle Que celle De cette paix Et ce m'est une double joie. De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers Qui, je m'assure, sont courriers Que pour ce sujet on envoie Ils vont vite, et seront dans un moment à nous Je descends, nous pourrons nous entre-baiser tous. Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire Nous nous réjouirons du succès de l'affaire Une autre fois. Le galand aussitôt Tire ses grègues, gagne au haut Mal content de son stratagème. Et notre vieux Coq en soi-même Se mit à rire de sa peur Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.
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| Posté le 07-07-2005 à 16:12:56
| Le Corbeau voulant Imiter l'Aigle! L'Oiseau de Jupiter enlevant un mouton Un Corbeau témoin de l'affaire Et plus faible de reins, mais non pas moins glouton En voulut sur l'heure autant faire. Il tourne à l'entour du troupeau Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau Un vrai Mouton de sacrifice On l'avait réservé pour la bouche des Dieux Gaillard Corbeau disait, en le couvant des yeux. Je ne sais qui fut ta nourrice Mais ton corps me paraît en merveilleux état Tu me serviras de pâture Sur l'animal bêlant à ces mots il s'abat La Moutonnière créature. Pesait plus qu'un fromage, outre que sa toison Etait d'une épaisseur extrême Et mêlée à peu près de la même façon Que la barbe de Polyphème Elle empêtra si bien les serres du Corbeau. Que le pauvre animal ne put faire retraite Le Berger vient, le prend, l'encage bien et beau Le donne à ses enfants pour servir d'amusette Il faut se mesurer, la conséquence est nette Mal prend aux Volereaux de faire les Voleurs. L'exemple est un dangereux leurre Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands Seigneurs Où la Guêpe a passé, le Moucheron demeure.
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| Posté le 08-07-2005 à 16:16:17
| Le Paon se plaignant à Junon Le Paon se plaignait à Junon Déesse, disait-il, ce n'est pas sans raison Que je me plains, que je murmure Le chant dont vous m'avez fait don. Déplaît à toute la Nature Au lieu qu'un Rossignol, chétive créature Forme des sons aussi doux qu'éclatants Est lui seul l'honneur du Printemps Junon répondit en colère. Oiseau jaloux, et qui devrais te taire Est-ce à toi d'envier la voix du Rossignol Toi que l'on voit porter à l'entour de ton col Un arc-en-ciel nué de cent sortes de soies Qui te panades, qui déploies. Une si riche queue, et qui semble à nos yeux La Boutique d'un Lapidaire? Est-il quelque oiseau sous les Cieux Plus que toi capable de plaire? Tout animal n'a pas toutes propriétés. Nous vous avons donné diverses qualités Les uns ont la grandeur et la force en partage Le Faucon est léger, l'Aigle plein de courage Le Corbeau sert pour le présage La Corneille avertit des malheurs à venir. Tous sont contents de leur ramage Cesse donc de te plaindre, ou bien, pour te punir Je t'ôterai ton plumage.
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| Posté le 12-07-2005 à 00:58:08
| La Chatte Métamorphosée en Femme! Un homme chérissait éperdument sa Chatte Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate Qui miaulait d'un ton fort doux Il était plus fou que les fous. Cet Homme donc, par prières, par larmes Par sortilèges et par charmes Fait tant qu'il obtient du destin Que sa Chatte en un beau matin Devient femme, et le matin même. Maître sot en fait sa moitié Le voilà fou d'amour extrême De fou qu'il était d'amitié Jamais la Dame la plus belle Ne charma tant son Favori. Que fait cette épouse nouvelle Son hypocondre de mari Il l'amadoue, elle le flatte Il n'y trouve plus rien de Chatte Et poussant l'erreur jusqu'au bout. La croit femme en tout et partout Lorsque quelques Souris qui rongeaient de la natte Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés Aussitôt la femme est sur pieds Elle manqua son aventure. Souris de revenir, femme d'être en posture Pour cette fois elle accourut à point Car ayant changé de figure Les souris ne la craignaient point Ce lui fut toujours une amorce. Tant le naturel a de force Il se moque de tout, certain âge accompli Le vase est imbibé, l'étoffe a pris son pli En vain de son train ordinaire On le veut désaccoutumer. Quelque chose qu'on puisse faire On ne saurait le réformer Coups de fourche ni d'étrivières Ne lui font changer de manières Et, fussiez-vous embâtonnés. Jamais vous n'en serez les maîtres Qu'on lui ferme la porte au nez Il reviendra par les fenêtres.
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| Posté le 13-07-2005 à 01:12:08
| Le Lion et l'Âne Chassant! Le Roi des animaux se mit un jour en tête De giboyer Il célébrait sa fête Le gibier du Lion, ce ne sont pas moineaux Mais beaux et bons Sangliers, Daims et Cerfs bons et beaux. Pour réussir dans cette affaire Il se servit du ministère De l'Âne à la voix de Stentor L'Âne à Messer Lion fit office de Cor Le Lion le posta, le couvrit de ramée. Lui commanda de braire, assuré qu'à ce son Les moins intimidés fuiraient de leur maison Leur troupe n'était pas encore accoutumée A la tempête de sa voix L'air en retentissait d'un bruit épouvantable. La frayeur saisissait les hôtes de ces bois Tous fuyaient, tous tombaient au piège inévitable Où les attendait le Lion N'ai-je pas bien servi dans cette occasion? Dit l'Âne, en se donnant tout l'honneur de la chasse. Oui, reprit le Lion, c'est bravement crié Si je connaissais ta personne et ta race J'en serais moi-même effrayé L'Âne, s'il eût osé, se fût mis en colère Encore qu'on le raillât avec juste raison. Car qui pourrait souffrir un Âne fanfaron? Ce n'est pas là leur caractère.
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| Posté le 27-07-2005 à 04:56:09
| Le Loup et la Cigogne! Les Loups mangent gloutonnement Un Loup donc étant de frairie Se pressa, dit-on, tellement Qu'il en pensa perdre la vie. Un os lui demeura bien avant au gosier De bonheur pour ce Loup, qui ne pouvait crier, Près de là passe une Cigogne Il lui fait signe, elle accourt Voilà l'Opératrice aussitôt en besogne. Elle retira l'os, puis, pour un si bon tour Elle demanda son salaire Votre salaire ? dit le Loup Vous riez, ma bonne commère! Quoi? ce n'est pas encor beaucoup. D'avoir de mon gosier retiré votre cou? Allez, vous êtes une ingrate Ne tombez jamais sous ma patte.
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| Posté le 11-08-2005 à 07:12:29
| Le Lion abattu par l'Homme On exposait une peinture Où l'artisan avait tracé Un Lion d'immense stature Par un seul homme terrassé Les regardants en tiraient gloire Un Lion en passant rabattit leur caquet Je vois bien, dit-il, qu'en effet On vous donne ici la victoire Mais l'Ouvrier vous a déçus Il avait liberté de feindre Avec plus de raison nous aurions le dessus Si mes confrères savaient peindre.
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| Posté le 17-08-2005 à 16:21:49
| Le Renard et les Raisins Certain Renard Gascon, d'autres disent Normand Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille Des Raisins mûrs apparemment Et couverts d'une peau vermeille. Le galand en eût fait volontiers un repas Mais comme il n'y pouvait atteindre Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. Fit-il pas mieux que de se plaindre?
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| Posté le 19-08-2005 à 13:32:16
| Le Cygne et le Cuisinier! Dans une ménagerie De volatiles remplie Vivaient le Cygne et l'Oison Celui-là destiné pour les regards du maître. Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être Commensal du jardin, l'autre, de la maison Des fossés du Château faisant leurs galeries Tantôt on les eût vus côte à côte nager Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger. Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou Il allait l'égorger, puis le mettre en potage L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage. Le Cuisinier fut fort surpris Et vit bien qu'il s'était mépris "Quoi? je mettrois, dit-il un tel chanteur en soupe! Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe. La gorge à qui s'en sert si bien! Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe Le doux parler ne nuit de rien.
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| Posté le 22-08-2005 à 15:08:31
| Les Loups et les Brebis Après mille ans et plus de guerre déclarée Les Loups firent la paix avecque les Brebis C'était apparemment le bien des deux partis Car si les Loups mangeaient mainte bête égarée. Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits Jamais de liberté, ni pour les pâturages Ni d'autre part pour les carnages Ils ne pouvaient jouir qu'en tremblant de leurs biens La paix se conclut donc : on donne des otages. Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis, leurs Chiens. L'échange en étant fait aux formes ordinaires Et réglé par des Commissaires Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats. Se virent Loups parfaits et friands de tuerie lls vous prennent le temps que dans la Bergerie Messieurs les Bergers n'étaient pas Etranglent la moitié des Agneaux les plus gras Les emportent aux dents, dans les bois se retirent. Ils avaient averti leurs gens secrètement Les Chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement Furent étranglés en dormant Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent Tout fut mis en morceaux ; un seul n'en échappa. Nous pouvons conclure de là Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle La paix est fort bonne de soi J'en conviens, mais de quoi sert-elle Avec des ennemis sans foi?
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| Posté le 03-09-2005 à 03:54:24
| Le Lion devenu Vieux! Le Lion, terreur des forêts Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse Fut enfin attaqué par ses propres sujets Devenus forts par sa faiblesse. Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied Le Loup un coup de dent, le Boeuf un coup de corne Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne Peut a peine rugir, par l'âge estropié Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes Quand voyant l'Ane même à son antre accourir Ah! c'est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.
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| Posté le 04-10-2005 à 15:03:01
| Philomèle et Progné Autrefois Progné l'hirondelle De sa demeure s'écarta Et loin des Villes s'emporta Dans un bois où chantait la pauvre Philomèle. Ma soeur, lui dit Progné, comment vous portez-vous? Voici tantôt mille ans que l'on ne vous a vue Je ne me souviens point que vous soyez venue Depuis le temps de Thrace, habiter parmi nous Dites-moi, que pensez-vous faire? Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire? Ah! reprit Philomèle, en est-il de plus doux? Progné lui repartit, Eh quoi? cette musique Pour ne chanter qu'aux animaux Tout au plus à quelque rustique? Le désert est-il fait pour des talents si beaux? Venez faire aux cités éclater leurs merveilles Aussi bien, en voyant les bois Sans cesse il vous souvient que Térée autrefois Parmi des demeures pareilles Exerça sa fureur sur vos divins appas Et c'est le souvenir d'un si cruel outrage Qui fait, reprit sa soeur, que je ne vous suis pas En voyant les hommes, hélas! Il m'en souvient bien davantage.
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| Posté le 17-11-2005 à 22:34:56
| Le Loup et la Cigogne Les Loups mangent gloutonnement Un Loup donc étant de frairie Se pressa, dit-on, tellement Qu'il en pensa perdre la vie Un os lui demeura bien avant au gosier De bonheur pour ce Loup, qui ne pouvait crier Près de là passe une Cigogne Il lui fait signe, elle accourt Voilà l'Opératrice aussitôt en besogne Elle retira l'os, puis, pour un si bon tour Elle demanda son salaire Votre salaire? dit le Loup Vous riez, ma bonne commère! Quoi? ce n'est pas encor beaucoup D'avoir de mon gosier retiré votre cou? Allez, vous êtes une ingrate Ne tombez jamais sous ma patte
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| idem | Le Rire Tue les Microbes du Coeur | Administrateur | | 2257 messages postés |
| Posté le 06-01-2006 à 03:25:25
| La Femme Noyée Je ne suis pas de ceux qui disent , Ce n'est Rien C'est une femme qui se noie Je dis que c'est beaucoup et ce sexe vaut bien Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie. Ce que j'avance ici n'est point hors de propos Puisqu'il s'agit en cette Fable D'une femme qui dans les flots Avait fini ses jours par un sort déplorable Son Epoux en cherchait le corps. Pour lui rendre, en cette aventure Les honneurs de la sépulture Il arriva que sur les bords Du fleuve auteur de sa disgrâce Des gens se promenaient ignorants l'accident. Ce mari donc leur demandant S'ils n'avaient de sa femme aperçu nulle trace Nulle, reprit l'un d'eux mais cherchez-la plus bas Suivez le fil de la rivière Un autre repartit, Non, ne le suivez pas. Rebroussez plutôt en arrière Quelle que soit la pente et l'inclination Dont l'eau par sa course l'emporte L'esprit de contradiction L'aura fait flotter d'autre sorte. Cet homme se raillait assez hors de saison Quant à l'humeur contredisante Je ne sais s'il avait raison Mais que cette humeur soit ou non Le défaut du sexe et sa pente. Quiconque avec elle naîtra Sans faute avec elle mourra Et jusqu'au bout contredira Et, s'il peut, encor par-delà.
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| idem | Le Rire Tue les Microbes du Coeur | Administrateur | | 2257 messages postés |
| Posté le 13-06-2006 à 16:19:34
| Le Curé et le Mort! Un mort s'en allait tristement S'emparer de son dernier gîte Un Curé s'en allait gaiement Enterrer ce mort au plus vite. Notre défunt était en carrosse porté Bien et dûment empaqueté Et vêtu d'une robe, hélas ! qu'on nomme bière Robe d'hiver, robe d'été Que les morts ne dépouillent guère. Le Pasteur était à côté Et récitait à l'ordinaire Maintes dévotes oraisons Et des psaumes et des leçons Et des versets et des répons Monsieur le Mort, laissez-nous faire On vous en donnera de toutes les façons Il ne s'agit que du salaire. Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort Comme si l'on eût dû lui ravir ce trésor Et des regards semblait lui dire Monsieur le Mort, j'aurai de vous Tant en argent, et tant en cire Et tant en autres menus coûts. Il fondait là-dessus l'achat d'une feuillette Du meilleur vin des environs Certaine nièce assez propette Et sa chambrière Pâquette Devaient voir des cotillons Sur cette agréable pensée. Un heurt survient, adieu le char Voilà Messire Jean Chouart Qui du choc de son mort a la tête cassée Le Paroissien en plomb entraîne son Pasteur Notre Curé suit son Seigneur. Tous deux s'en vont de compagnie Proprement toute notre vie Est le curé Chouart, qui sur son mort comptait Et la fable du Pot au lait.
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