LES AMIS (ES)
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 Fable De La Fontaine!

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idem
Le Rire Tue les Microbes du Coeur
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idem
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   Posté le 22-02-2005 à 03:35:04   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Ivrogne et sa Femme!


Chacun a son défaut où toujours il revient
Honte ni peur n'y remédie
Sur ce propos, d'un conte il me souvient
Je ne dis rien que je n'appuie


De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus
Altérait sa santé, son esprit et sa bourse
Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course
Qu'ils sont au bout de leurs écus.
Un jour que celui-ci plein du jus de la treille

Avait laissé ses sens au fond d'une bouteille
Sa femme l'enferma dans un certain tombeau
Là les vapeurs du vin nouveau
Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve
L'attirail de la mort à l'entour de son corps

Un luminaire, un drap des morts
Oh ! dit-il, qu'est ceci ? Ma femme est-elle veuve?
Là-dessus, son épouse, en habit d'Alecton
Masquée et de sa voix contrefaisant le ton
Vient au prétendu mort, approche de sa bière

Lui présente un chaudeau propre pour Lucifer
L'Epoux alors ne doute en aucune manière
Qu'il ne soit citoyen d'enfer
Quelle personne es-tu? dit-il à ce fantôme

La cellerière du royaume
De Satan, reprit-elle, et je porte à manger
A ceux qu'enclôt la tombe noire
Le Mari repart sans songer
Tu ne leur portes point à boire?



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idem
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idem
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   Posté le 23-02-2005 à 00:43:30   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

L'Aigle, la Laie, et la Chatte!



L'Aigle avait ses petits au haut d'un arbre creux
La Laie au pied, la Chatte entre les deux
Et sans s'incommoder, moyennant ce partage
Mères et nourrissons faisaient leur tripotage
La Chatte détruisit par sa fourbe l'accord
Elle grimpa chez l'Aigle, et lui dit: Notre mort
(Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères)
Ne tardera possible guères
Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment.



Cette maudite Laie, et creuser une mine?
C'est pour déraciner le chêne assurément
Et de nos nourrissons attirer la ruine
L'arbre tombant, ils seront dévorés:
Qu'ils s'en tiennent pour assurés.



S'il m'en restait un seul, j'adoucirais ma plainte
Au partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte
La perfide descend tout droit
A l'endroit
Où la Laie était en gésine.


Ma bonne amie et ma voisine
Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis
L'aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits:
Obligez-moi de n'en rien dire:
Son courroux tomberait sur moi.


Dans cette autre famille ayant semé l'effroi
La Chatte en son trou se retire
L'Aigle n'ose sortir, ni pourvoir aux besoins
De ses petits ; la Laie encore moins:
Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins.


Ce doit être celui d'éviter la famine
A demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine
Pour secourir les siens dedans l'occasion:
L'Oiseau Royal, en cas de mine
La Laie, en cas d'irruption.


La faim détruisit tout: il ne resta personne
De la gent Marcassine et de la gent Aiglonne
Qui n'allât de vie à trépas:
Grand renfort pour Messieurs les Chats
Que ne sait point ourdir une langue traîtresse.


Par sa pernicieuse adresse?
Des malheurs qui sont sortis
De la boîte de Pandore
Celui qu'à meilleur droit tout l'Univers abhorre
C'est la fourbe, à mon avis.



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idem
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   Posté le 24-02-2005 à 00:42:09   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Renard et le Bouc!




Capitaine Renard allait de compagnie
Avec son ami Bouc des plus haut encornés
Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez
L'autre était passé maître en fait de tromperie

La soif les obligea de descendre en un puits
Là chacun d'eux se désaltère
Après qu'abondamment tous deux en eurent pris
Le Renard dit au Bouc : Que ferons-nous, compère?
Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.

Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi
Mets-les contre le mur. Le long de ton échine
Je grimperai premièrement
Puis sur tes cornes m'élevant
A l'aide de cette machine.

De ce lieu-ci je sortirai
Après quoi je t'en tirerai
Par ma barbe, dit l'autre, il est bon et je loue
Les gens bien sensés comme toi
Je n'aurais jamais, quant à moi.

Trouvé ce secret, je l'avoue
Le Renard sort du puits, laisse son compagnon
Et vous lui fait un beau sermon
Pour l'exhorter à patience
Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence.

Autant de jugement que de barbe au menton
Tu n'aurais pas, à la légère
Descendu dans ce puits. Or, adieu, j'en suis hors
Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts
Car pour moi, j'ai certaine affaire.

Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin
En toute chose il faut considérer la fin.



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idem
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   Posté le 25-02-2005 à 20:25:13   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

La Femme Noyée!




Je ne suis pas de ceux qui disent
Ce n'est rien
C'est une femme qui se noie
Je dis que c'est beaucoupet ce sexe vaut bien
Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie.

Ce que j'avance ici n'est point hors de propos
Puisqu'il s'agit en cette Fable,
D'une femme qui dans les flots
Avait fini ses jours par un sort déplorable
Son Epoux en cherchait le corps

Pour lui rendre, en cette aventure
Les honneurs de la sépulture
Il arriva que sur les bords
Du fleuve auteur de sa disgrâce
Des gens se promenaient ignorants l'accident.

Ce mari donc leur demandant
S'ils n'avaient de sa femme aperçu nulle trace
Nulle, reprit l'un d'eux, mais cherchez-la plus bas
Suivez le fil de la rivière
Un autre repartit, Non, ne le suivez pas

Rebroussez plutôt en arrière
Quelle que soit la pente et l'inclination
Dont l'eau par sa course l'emporte
L'esprit de contradiction
L'aura fait flotter d'autre sorte.

Cet homme se raillait assez hors de saison
Quant à l'humeur contredisante
Je ne sais s'il avait raison
Mais que cette humeur soit ou non
Le défaut du sexe et sa pente


Quiconque avec elle naîtra
Sans faute avec elle mourra
Et jusqu'au bout contredira
Et, s'il peut, encor par-delà.



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idem
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   Posté le 27-02-2005 à 12:19:50   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Les Grenouilles qui demandent un Roi!



De l'état Démocratique
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir Monarchique
Il leur tomba du Ciel un Roi tout pacifique

Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse
S'alla cacher sous les eaux
Dans les joncs, dans les roseaux


Dans les trous du marécage
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau
Or c'était un Soliveau
De qui la gravité fit peur à la première


Qui de le voir s'aventurant
Osa bien quitter sa tanière
Elle approcha, mais en tremblant
Une autre la suivit, une autre en fit autant
Il en vint une fourmilière


Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu'à sauter sur l'épaule du Roi
Le bon Sire le souffre, et se tient toujours coi
Jupin en a bientôt la cervelle rompue
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui se remue.


Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue
Qui les croque, qui les tue
Qui les gobe à son plaisir
Et Grenouilles de se plaindre
Et Jupin de leur dire: Eh quoi! votre désir.


A ses lois croit-il nous astreindre?
Vous avez dû premièrement
Garder votre Gouvernement
Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fût débonnaire et doux.

De celui-ci contentez-vous
De peur d'en rencontrer un pire.



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   Posté le 28-02-2005 à 02:51:20   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Loup devenu Berger!




Un Loup qui commençait d'avoir petite part
Aux Brebis de son voisinage
Crut qu'il fallait s'aider de la peau du Renard
Et faire un nouveau personnage


Il s'habille en Berger, endosse un hoqueton
Fait sa houlette d'un bâton
Sans oublier la Cornemuse
Pour pousser jusqu'au bout la ruse
Il aurait volontiers écrit sur son chapeau


C'est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau
Sa personne étant ainsi faite
Et ses pieds de devant posés sur sa houlette
Guillot le sycophante approche doucement
Guillot le vrai Guillot étendu sur l'herbette


Dormait alors profondément
Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette
La plupart des Brebis dormaient pareillement
L'hypocrite les laissa faire
Et pour pouvoir mener vers son fort les Brebis


Il voulut ajouter la parole aux habits
Chose qu'il croyait nécessaire
Mais cela gâta son affaire
Il ne put du Pasteur contrefaire la voix
Le ton dont il parla fit retentir les bois


Et découvrit tout le mystère
Chacun se réveille à ce son
Les Brebis, le Chien, le Garçon
Le pauvre Loup, dans cet esclandre
Empêché par son hoqueton


Ne put ni fuir ni se défendre
Toujours par quelque endroit fourbes se laissent prendre
Quiconque est Loup agisse en Loup
C'est le plus certain de beaucoup.



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   Posté le 01-03-2005 à 03:33:54   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Loup et la Cigogne!




Les Loups mangent gloutonnement
Un Loup donc étant de frairie
Se pressa, dit-on, tellement
Qu'il en pensa perdre la vie.


Un os lui demeura bien avant au gosier
De bonheur pour ce Loup, qui ne pouvait crier
Près de là passe une Cigogne
Il lui fait signe elle accourt
Voilà l'Opératrice aussitôt en besogne.


Elle retira l'os, puis pour un si bon tour
Elle demanda son salaire
Votre salaire? dit le Loup
Vous riez, ma bonne commère!
Quoi? ce n'est pas encor beaucoup.


D'avoir de mon gosier retiré votre cou?
Allez, vous êtes une ingrate
Ne tombez jamais sous ma patte.




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   Posté le 02-03-2005 à 03:53:35   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Chat et un Vieux Rat





J'ai lu chez un conteur de Fables
Qu'un second Rodilard, l'Alexandre des Chats
L'Attila, le fléau des Rats
Rendait ces derniers misérables.

J'ai lu, dis-je, en certain Auteur
Que ce Chat exterminateur
Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde
Il voulait de Souris dépeupler tout le monde
Les planches qu'on suspend sur un léger appui.

La mort aux Rats, les Souricières
N'étaient que jeux au prix de lui
Comme il voit que dans leurs tanières
Les Souris étaient prisonnières
Qu'elles n'osaient sortir, qu'il avait beau chercher.

Le galant fait le mort, et du haut d'un plancher
Se pend la tête en bas : la bête scélérate
A de certains cordons se tenait par la patte
Le peuple des Souris croit que c'est châtiment
Qu'il a fait un larcin de rôt ou de fromage.

Egratigné quelqu'un, causé quelque dommage
Enfin qu'on a pendu le mauvais garnement
Toutes, dis-je, unanimement
Se promettent de rire à son enterrement
Mettent le nez à l'air, montrent un peu la tête.

Puis rentrent dans leurs nids à rats
Puis ressortant font quatre pas
Puis enfin se mettent en quête
Mais voici bien une autre fête
Le pendu ressuscite et sur ses pieds tombant.

Attrape les plus paresseuses
Nous en savons plus d'un, dit-il en les gobant
C'est tour de vieille guerre et vos cavernes creuses
Ne vous sauveront pas, je vous en avertis
Vous viendrez toutes au logis.

Il prophétisait vrai notre maître Mitis
Pour la seconde fois les trompe et les affine
Blanchit sa robe et s'enfarine
Et de la sorte déguisé
Se niche et se blottit dans une huche ouverte.

Ce fut à lui bien avisé
La gent trotte-menu s'en vient chercher sa perte
Un Rat, sans plus, s'abstient d'aller flairer autour
C'était un vieux routier, il savait plus d'un tour
Même il avait perdu sa queue à la bataille.

Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille
S'écria-t-il de loin au Général des Chats
Je soupçonne dessous encor quelque machine
Rien ne te sert d'être farine
Car, quand tu serais sac, je n'approcherais pas.

C'était bien dit à lui, j'approuve sa prudence
Il était expérimenté
Et savait que la méfiance
Est mère de la sûreté.



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   Posté le 03-03-2005 à 02:44:27   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

La Belette entrée dans un Grenier!


Damoiselle Belette, au corps long et flouet
Entra dans un Grenier par un trou fort étroit
Elle sortait de maladie
Là, vivant à discrétion


La galante fit chère lie
Mangea, rongea, Dieu sait la vie
Et le lard qui périt en cette occasion!
La voilà, pour conclusion
Grasse, mafflue et rebondie.


Au bout de la semaine, ayant dîné son soû
Elle entend quelque bruit, veut sortir par le trou
Ne peut plus repasser, et croit s'être méprise
Après avoir fait quelques tours
C'est, dit-elle, l'endroit, me voilà bien surprise.


J'ai passé par ici depuis cinq ou six jours
Un Rat, qui la voyait en peine
Lui dit: Vous aviez lors la panse un peu moins pleine
Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir
Ce que je vous dis là, l'on le dit à bien d'autres.


Mais ne confondons point, par trop approfondir
Leurs affaires avec les vôtres.




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   Posté le 07-03-2005 à 13:44:28   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Lion Abattu par L'homme!



On exposait une peinture
Où l'artisan avait tracé
Un Lion d'immense stature
Par un seul homme terrassé.


Les regardants en tiraient gloire
Un Lion en passant rabattit leur caquet
Je vois bien, dit-il, qu'en effet
On vous donne ici la victoire
Mais l'Ouvrier vous a déçus.


Il avait liberté de feindre
Avec plus de raison nous aurions le dessus
Si mes confrères savaient peindre.



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   Posté le 08-03-2005 à 13:19:36   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Lion devenu Vieux!



Le Lion, terreur des forêts

Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse

Fut enfin attaqué par ses propres sujets

Devenus forts par sa faiblesse.


Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied

Le Loup un coup de dent, le Boeuf un coup de corne

Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne

Peut a peine rugir, par l'âge estropié

Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes.


Quand voyant l'Ane même à son antre accourir

Ah! c'est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir

Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.



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idem
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   Posté le 09-03-2005 à 15:25:26   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Philomèle et Progné!


Autrefois Progné l'hirondelle
De sa demeure s'écarta
Et loin des Villes s'emporta
Dans un bois où chantait la pauvre Philomèle.


Ma soeur, lui dit Progné, comment vous portez-vous?
Voici tantôt mille ans que l'on ne vous a vue
Je ne me souviens point que vous soyez venue
Depuis le temps de Thrace, habiter parmi nous
Dites-moi, que pensez-vous faire?


Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire?
Ah! reprit Philomèle, en est-il de plus doux?
Progné lui repartit: Eh quoi ? cette musique
Pour ne chanter qu'aux animaux
Tout au plus à quelque rustique?


Le désert est-il fait pour des talents si beaux?
Venez faire aux cités éclater leurs merveilles
Aussi bien, en voyant les bois
Sans cesse il vous souvient que Térée autrefois
Parmi des demeures pareilles.


Exerça sa fureur sur vos divins appas
Et c'est le souvenir d'un si cruel outrage
Qui fait, reprit sa soeur, que je ne vous suis pas
En voyant les hommes, hélas!
Il m'en souvient bien davantage.



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idem
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   Posté le 10-03-2005 à 15:07:24   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Renard et les Raisins!



Certain Renard Gascon, d'autres disent Normand
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des Raisins mûrs apparemment
Et couverts d'une peau vermeille.


Le galand en eût fait volontiers un repas
Mais comme il n'y pouvait atteindre
Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats
Fit-il pas mieux que de se plaindre?



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idem
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   Posté le 12-03-2005 à 15:28:14   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

La Goutte et l'Araignée!



Quand l'Enfer eut produit la Goutte et l'Araignée
Mes filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter
D'être pour l'humaine lignée
Egalement à redouter.


Or avisons aux lieux qu'il vous faut habiter
Voyez-vous ces cases étrètes
Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés?
Je me suis proposé d'en faire vos retraites
Tenez donc, voici deux bûchettes.


Accommodez-vous, ou tirez
Il n'est rien, dit l'Aragne, aux cases qui me plaise
L'autre, tout au rebours, voyant les Palais pleins
De ces gens nommés Médecins
Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise.


Elle prend l'autre lot, y plante le piquet
S'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme
Disant: Je ne crois pas qu'en ce poste je chomme
Ni que d'en déloger et faire mon paquet
Jamais Hippocrate me somme.


L'Aragne cependant se campe en un lambris
Comme si de ces lieux elle eût fait bail à vie
Travaille à demeurer, voilà sa toile ourdie
Voilà des moucherons de pris
Une servante vient balayer tout l'ouvrage.


Autre toile tissue, autre coup de balai
Le pauvre Bestion tous les jours déménage
Enfin, après un vain essai
Il va trouver la Goutte
Elle était en campagne
Plus malheureuse mille fois.


Que la plus malheureuse Aragne
Son hôte la menait tantôt fendre du bois
Tantôt fouir, houer
Goutte bien tracassée
Est, dit-on, à demi pansée
Oh! je ne saurais plus, dit-elle, y résister.


Changeons, ma soeur l'Aragné
Et l'autre d'écouter
Elle la prend au mot, se glisse en la cabane
Point de coup de balai qui l'oblige à changer
La Goutte, d'autre part, va tout droit se loger
Chez un Prélat, qu'elle condamne.


A jamais du lit ne bouger
Cataplasmes, Dieu sait
Les gens n'ont point de honte
De faire aller le mal toujours de pis en pis
L'une et l'autre trouva de la sorte son conte
Et fit très sagement de changer de logis.



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idem
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   Posté le 14-03-2005 à 02:50:38   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Cygne et le Cuisinier!


Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l'Oison
Celui-là destiné pour les regards du maître.

Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal du jardin, l'autre, de la maison
Des fossés du Château faisant leurs galeries
Tantôt on les eût vus côte à côte nager
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger.


Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d'un coup
Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage
L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.

Le Cuisinier fut fort surpris
Et vit bien qu'il s'était mépris
Quoi? Je mettrois, dit-il un tel chanteur en soupe!
Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main
coupe.

La gorge à qui s'en sert si bien!

Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.



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idem
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   Posté le 15-03-2005 à 12:51:29   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Les Loups et les Brebis!



Après mille ans et plus de guerre déclarée
Les Loups firent la paix avecque les Brebis
C'était apparemment le bien des deux partis
Car si les Loups mangeaient mainte bête égarée.


Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits
Jamais de liberté, ni pour les pâturages
Ni d'autre part pour les carnages
Ils ne pouvaient jouir qu'en tremblant de leurs biens
La paix se conclut donc, on donne des otages.


Les Loups, leurs Louveteaux et les Brebis, leurs
Chiens.
L'échange en étant fait aux formes ordinaires
Et réglé par des Commissaires
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats.


Se virent Loups parfaits et friands de tuerie
lls vous prennent le temps que dans la Bergerie
Messieurs les Bergers n'étaient pas
Etranglent la moitié des Agneaux les plus gras
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.


Ils avaient averti leurs gens secrètement
Les Chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement
Furent étranglés en dormant
Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent
Tout fut mis en morceaux, un seul n'en échappa.


Nous pouvons conclure de là
Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle
La paix est fort bonne de soi
J'en conviens, mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi?



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idem
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   Posté le 16-03-2005 à 14:02:38   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Meunier, son Fils, et l'Ane!



L'invention des Arts étant un droit d'aînesse
Nous devons l'Apologue à l'ancienne Grèce
Mais ce champ ne se peut tellement moissonner
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner.


La feinte est un pays plein de terres désertes
Tous les jours nos Auteurs y font des découvertes
Je t'en veux dire un trait assez bien inventé
Autrefois à Racan Malherbe l'a conté
Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa Lyre.


Disciples d'Apollon, nos Maîtres, pour mieux dire
Se rencontrant un jour tout seuls et sans témoins
(Comme ils se confiaient leurs pensers et leurs soins)
Racan commence ainsi, Dites-moi, je vous prie
Vous qui devez savoir les choses de la vie.


Qui par tous ses degrés avez déjà passé
Et que rien ne doit fuir en cet âge avancé
A quoi me résoudrai-je? Il est temps que j'y pense
Vous connaissez mon bien, mon talent, ma naissance
Dois-je dans la Province établir mon séjour.


Prendre emploi dans l'Armée, ou bien charge à la Cour?
Tout au monde est mêlé d'amertume et de charmes
La guerre a ses douceurs, l'Hymen a ses alarmes
Si je suivais mon goût, je saurais où buter
Mais j'ai les miens, la cour, le peuple à contenter.


Malherbe là-dessus, Contenter tout le monde!
Ecoutez ce récit avant que je réponde.


J'ai lu dans quelque endroit qu'un Meunier et son fils
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits
Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire.


Allaient vendre leur Ane, un certain jour de foire
Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit
On lui lia les pieds, on vous le suspendit
Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre
Pauvres gens, idiots, couple ignorant et rustre.


Le premier qui les vit de rire s'éclata
Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là?
Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense
Le Meunier à ces mots connaît son ignorance
Il met sur pieds sa bête, et la fait détaler.


L'Ane, qui goûtait fort l'autre façon d'aller
Se plaint en son patois. Le Meunier n'en a cure
Il fait monter son fils, il suit, et d'aventure
Passent trois bons Marchands. Cet objet leur déplut
Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put.


Oh là! oh! descendez, que l'on ne vous le dise
Jeune homme, qui menez Laquais à barbe grise
C'était à vous de suivre, au vieillard de monter
Messieurs, dit le Meunier, il vous faut contenter
L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte.


Quand trois filles passant, l'une dit: C'est grand'honte
Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils
Tandis que ce nigaud, comme un Evêque assis
Fait le veau sur son Ane, et pense être bien sage
Il n'est, dit le Meunier, plus de Veaux à mon âge.


Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez
Après maints quolibets coup sur coup renvoyés
L'homme crut avoir tort, et mit son fils en croupe
Au bout de trente pas, une troisième troupe
Trouve encore à gloser. L'un dit: Ces gens sont fous.


Le Baudet n'en peut plus, il mourra sous leurs coups
Hé quoi! charger ainsi cette pauvre bourrique!
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique?
Sans doute qu'à la Foire ils vont vendre sa peau
Parbleu, dit le Meunier, est bien fou du cerveau.


Qui prétend contenter tout le monde et son père
Essayons toutefois, si par quelque manière
Nous en viendrons à bout. Ils descendent tous deux
L'Ane, se prélassant, marche seul devant eux
Un quidam les rencontre, et dit: Est-ce la mode.


Que Baudet aille à l'aise, et Meunier s'incommode?
Qui de l'âne ou du maître est fais pour se lasser?
Je conseille à ces gens de le faire enchâsser
Ils usent leurs souliers, et conservent leur Ane
Nicolas au rebours, car, quand il va voir Jeanne.


Il monte sur sa bête et la chanson le dit
Beau trio de Baudets ! Le Meunier repartit
Je suis Ane, il est vrai, j'en conviens, je l'avoue
Mais que dorénavant on me blâme, on me loue
Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien.


J'en veux faire à ma tête. Il le fit, et fit bien.

Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince
Allez, venez, courez demeurez en Province
Prenez femme, Abbaye, Emploi, Gouvernement
Les gens en parleront, n'en doutez nullement.




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   Posté le 17-03-2005 à 00:37:05   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

La Cigale et la Fourmi!


La Cigale, ayant chanté
Tout l'été
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.

Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine
La priant de lui prêter.

Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle
Je vous paierai, lui dit-elle
Avant l'Oût, foi d'animal
Intérêt et principal.

La Fourmi n'est pas prêteuse
C'est là son moindre défaut
Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse
Nuit et jour à tout venant.

Je chantais, ne vous déplaise
Vous chantiez? j'en suis fort aise
Eh bien! dansez maintenant.



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   Posté le 18-03-2005 à 13:34:09   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Corbeau et le Renard!


Maître Corbeau, sur un arbre perché
Tenait en son bec un fromage
Maître Renard, par l'odeur alléché
Lui tint à peu près ce langage.


Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau!
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois.


A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie
Et pour montrer sa belle voix
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie
Le Renard s'en saisit, et dit: Mon bon Monsieur
Apprenez que tout flatteur.


Vit aux dépens de celui qui l'écoute
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute
Le Corbeau, honteux et confus
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.




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   Posté le 21-03-2005 à 00:43:41   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

La Grenouille qui veut se faire aussi Grosse que le Boeuf!


Une Grenouille vit un Boeuf

Qui lui sembla de belle taille

Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf

Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille

Pour égaler l'animal en grosseur.


Disant "Regardez bien, ma soeur

Est-ce assez? dites-moi, n'y suis-je point encore?

Nenni- M'y voici donc? Point du tout, M'y voilà?

Vous n'en approchez point. La chétive pécore

S'enfla si bien qu'elle creva.


Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages

Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs

Tout petit prince a des ambassadeurs

Tout marquis veut avoir des pages.



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   Posté le 22-03-2005 à 12:54:59   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Les Deux Mulets!



Deux Mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé
L'autre portant l'argent de la Gabelle
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.


Il marchait d'un pas relevé
Et faisait sonner sa sonnette
Quand l'ennemi se présentant
Comme il en voulait à l'argent
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette.


Le saisit au frein et l'arrête
Le Mulet, en se défendant
Se sent percer de coups: il gémit, il soupire
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire.


Et moi j'y tombe, et je péris
Ami, lui dit son camarade
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut Emploi
Si tu n'avais servi qu'un Meunier, comme moi
Tu ne serais pas si malade.



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   Posté le 23-03-2005 à 13:06:21   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Loup et le Chien!



Un Loup n'avait que les os et la peau
Tant les chiens faisaient bonne garde
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.


L'attaquer, le mettre en quartiers
Sire Loup l'eût fait volontiers
Mais il fallait livrer bataille
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.


Le Loup donc l'aborde humblement
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu'il admire
"Il ne tiendra qu'à vous beau sire
D'être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.


Quittez les bois, vous ferez bien
Vos pareils y sont misérables
Cancres, haires, et pauvres diables
Dont la condition est de mourir de faim
Car quoi? rien d'assuré, point de franche lippée.

Tout à la pointe de l'épée
Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur destin
Le Loup reprit, Que me faudra-t-il faire?
Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants.


Flatter ceux du logis, à son Maître complaire
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons
Os de poulets, os de pigeons
Sans parler de mainte caresse.

Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé
Qu'est-ce là? lui dit-il. Rien, Quoi? rien? Peu de chose
Mais encore? Le collier dont je suis attaché.


De ce que vous voyez est peut-être la cause
Attaché? dit le Loup, vous ne courez donc pas
Où vous voulez? Pas toujours mais qu'importe?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte.


Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encore.




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   Posté le 24-03-2005 à 16:58:40   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

La Besace!


Jupiter dit un jour: Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire
Il peut le déclarer sans peur.


Je mettrai remède à la chose
Venez, Singe ; parlez le premier, et pour cause
Voyez ces animaux, faites comparaison
De leurs beautés avec les vôtres
Etes-vous satisfait? - Moi? dit-il, pourquoi non?


N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché
Mais pour mon frère l'Ours, on ne l'a qu'ébauché
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre
L'Ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.


Tant s'en faut de sa forme il se loua très fort
Glosa sur l'Eléphant, dit qu'on pourrait encore
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles
Que c'était une masse informe et sans beauté
L'Eléphant étant écouté.


Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles
Il jugea qu'à son appétit
Dame Baleine était trop grosse
Dame Fourmi trouva le Ciron trop petit
Se croyant, pour elle, un colosse.

Jupin les renvoya s'étant censurés tous
Du reste, contents d'eux mais parmi les plus fous
Notre espèce excella car tout ce que nous sommes
Lynx envers nos pareils, et Taupes envers nous
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes.


On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain
Le Fabricateur souverain
Nous créa Besaciers tous de même manière
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.




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   Posté le 28-03-2005 à 07:23:44   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

L'Hirondelle et les petits Oiseaux!




Une Hirondelle en ses voyages
Avait beaucoup appris
Quiconque a beaucoup vu
Peut avoir beaucoup retenu.


Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages
Et devant qu'ils fussent éclos
Les annonçait aux Matelots
Il arriva qu'au temps que le chanvre se sème
Elle vit un manant en couvrir maints sillons.


Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux Oisillons
Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême
Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin
Voyez-vous cette main qui par les airs chemine?
Un jour viendra, qui n'est pas loin.


Que ce qu'elle répand sera votre ruine
De là naîtront engins à vous envelopper
Et lacets pour vous attraper
Enfin mainte et mainte machine
Qui causera dans la saison.


Votre mort ou votre prison
Gare la cage ou le chaudron!
C'est pourquoi, leur dit l'Hirondelle
Mangez ce grain; et croyez-moi
Les Oiseaux se moquèrent d'elle.


Ils trouvaient aux champs trop de quoi
Quand la chènevière fut verte
L'Hirondelle leur dit, Arrachez brin à brin
Ce qu'a produit ce maudit grain
Ou soyez sûrs de votre perte.


Prophète de malheur, babillarde, dit-on
Le bel emploi que tu nous donnes!
Il nous faudrait mille personnes
Pour éplucher tout ce canton
La chanvre étant tout à fait crue.


L'Hirondelle ajouta, ceci ne va pas bien
Mauvaise graine est tôt venue
Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien
Dès que vous verrez que la terre
Sera couverte, et qu'à leurs blés.


Les gens n'étant plus occupés
Feront aux oisillons la guerre
Quand reginglettes et réseaux
Attraperont petits Oiseaux
Ne volez plus de place en place.


Demeurez au logis, ou changez de climat
Imitez le Canard, la Grue, et la Bécasse
Mais vous n'êtes pas en état
De passer, comme nous, les déserts et les ondes
Ni d'aller chercher d'autres mondes.


C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr
C'est de vous renfermer aux trous de quelque mur
Les Oisillons, las de l'entendre
Se mirent à jaser aussi confusément
Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre.


Ouvrait la bouche seulement
Il en prit aux uns comme aux autres
Maint oisillon se vit esclave retenu
Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres
Et ne croyons le mal que quand il est venu.






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   Posté le 29-03-2005 à 06:22:49   Voir le profil de idem (En vacances)   Répondre à ce message   http://le-royaume-d-idem.superforum.fr/index.foru   Envoyer un message privé à idem   

Le Rat de Ville et le Rat des Champs!



Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs
D'une façon fort civile
A des reliefs d'Ortolans.

Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis
Le régal fut fort honnête.


Rien ne manquait au festin
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train
A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit.


Le Rat de ville détale
Son camarade le suit
Le bruit cesse, on se retire
Rats en campagne aussitôt
Et le citadin de dire.


Achevons tout notre rôt
C'est assez, dit le rustique
Demain vous viendrez chez moi
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi.


Mais rien ne vient m'interrompre
Je mange tout à loisir
Adieu donc fit du plaisir
Que la crainte peut corrompre.



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